1) Enfance (0 - 18 ans)
Enfant, j'était plutôt passionné par les sciences et la lecture, le sport me semblait une vaine perte de temps et j'évitais le plus possible d'en faire. Il faut aussi dire qu'à l'époque, sport était plus ou moins synonyme de jeu de balle en équipes, plus particulièrement football, discipline que j'ai toujours (et encore aujourd'hui) abhorrée. Suite à une certaine pression de mes parents et camarades d'école, j'ai même fait partie durant quelques mois d'une équipe de foot. Cette expérience ne m'a de loin pas convaincu.
Mon père, vers la fin des années 70, s'était mis sérieusement à la course, alors que ce sport n'était pas aussi populaire qu'aujourd'hui. Je le voyais partir le soir s'entraîner et certains week-ends participer à des courses régionales ou à Sierre-Zinal (dont une fois à pieds nus...). Il y aurait fait la connaissance d'une certain Raymond Corbaz. Je me souviens qu'il notait graphiquement au feutres de couleur les kilomètres courus en course et en entraînement sur du papier millimétré : c'était avant les ordinateurs et autres GPS. Le cumul des kilomètres parcourus me paraissait alors incroyable. Mon père a bien essayé de me motiver quelques fois de venir courir avec lui, mais je ne l'ai jamais suivi. J'aurais dû.
Les quelques fois où j'ai couru, dans le cadre scolaire, je me suis rendu compte que je ne m'en tirais pas trop mal, en comparaison aux autres sports pour lesquels je me retrouvais en bas de classement. J'ai subi de nombreuses fois l'humiliation d'être dans les derniers choisis quand des équipes étaient constituées. Il faut quand même dire pour ma défense qu'ayant sauté une classe (la 2ème enfantine, car je savais déjà lire à 5 ans), j'avais un à deux ans de moins que mes camarades, et avais donc en certain retard sur le plan du développement physique.
2) 18 - 19 ans
A l'âge de 18 ans, j'ai été convoqué pour passer mon recrutement. Le principe était d'accomplir un test sportif dont les résultats serviraient à définir l'arme/spécialité dans laquelle nous servirions. Il nous avait été indiqué que plus nous ferions de points au test, plus nous aurions de choix possibles, les moins bons finissant par défaut dans l'infanterie. Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai compris que c'était en fait le contraire : les plus sportifs se sont retrouvés dans les armes physiquement exigeantes (infanterie), les autres dans des spécialités demandant plus de cerveau que de biceps, comme les transmissions, la logistique, etc.
Quoi qu'il en soit, je m'étais convaincu qu'il fallait que j'obtienne un certain résultat à ce test et me suis mis à m'entraîner à la course à pied. Une des épreuves du test sportif consistait à courir un 12 minutes, et c'est donc sur cette base de durée et de distance que je me suis entraîné.
Je ne me souviens plus exactement de la distance parcourue au recrutement, mais j'avais fait un score honorable, ainsi qu'au saut au longueur, qui a compensé de bien plus médiocres prestations au lancer de la grenade et au grimper aux perches. J'ai obtenu l'incorporation que j'avais demandée (transmissions). Je pense que c'est moins dû aux résultats du test sportif qu'aux études que j'effectuais et une lettre rédigée par un colonel, père d'une amie, suite à une scoliose qui venait d'être diagnostiquée.
3) 19 - 30 ans
A 19 ans, j'ai beaucoup souffert physiquement durant mon école de recrues, même si elle n'était pas considérée comme parmi les "dures". Le manque d'activité sportive durant mon enfance s'est fait cruellement ressentir. Les marches, de plus en plus longues, ont été pour moi un calvaire, se soldant par d'énormes cloques. La dernière marche, de 50 km, je ne l'ai pas terminée, ayant souffert de grosses crampes aux mollets dès le 30ème km.
Ceci m'a ouvert le yeux et j'ai décidé, au retour de l'école de recrue, qui marquait aussi le début de mes études lausannoises, de continuer l'entraînement de CAP. J'allais m'entraîner une fois par semaine sur une distance d'environ 5km (Av. d'Ouchy - Pyramides) et aussi parfois le weekend en Valais sur 4 km. Il m'est aussi arrivé parfois d'allonger la sortie valaisanne, pour faire un aller-retour jusqu'à Sion (environ 16 km).
A 22 ans, lors de mon paiement de galons de sous-officier, j'ai pu noter une claire amélioration. J'ai fait toutes les marches sans problème, j'ai même couru une partie de celle de 50 km, pour rattraper mon sac à dos, parti 15 min avant avant moi sur le dos d'un autre camarade. J'ai même couru la distance en sens inverse pour rejoindre ma section, plutôt que d'attender qu'elle me ratrappe. J'ai par contre souffert de crampes aux cuisses lors de la partie à vélo de l'exercice final d'école de sous-officier.
J'ai aussi durant cette décennie participé à quelques courses. Tout d'abord le 20 km de Lausanne, distance qui me semblait incroyable à courir (par rapport à mes entraînements de l'époque). J'y ai participé avec un ami avec qui j'allais parfois m'entraîner. Nous pratiquions en parallèle la natation en allant faire notre kilomètre hebdomadaire à la piscine. Lui était meilleur à la course, moi à la nage. A mon premier 20 km, je l'ai lâché dès le départ, mais me suis retrouvé épuisé au 15ème km. J'ai marché et me suis fait dépasser par cet ami, qui avait bien mieux géré sa course que moi. Lors d'une autre édition, plus tard, alors que nous nous connaissions depuis peu avec Linda, elle est venue m'encourager au bas de la vallée de la Jeunesse. J'étais de nouveau parti trop vite et, épuisé, j'ai abandonné en arrivant à la hauteur de Linda, prétextant un pied en sang (ce qui était vrai). Ce sera mon dernier abandon.
Avec l'ami mentionné plus haut, nous nous sommes aussi fixés le challenge de courir Sierre-Zinal. Notre entraînement spécifique s'est limité à courir une fois Pully-Tour de Gourze et une autre fois Lausanne-Epalinges. Je ne me souviens plus de mon temps final, mais il n'était pas extraordinaire. Vers le 30ème km, j'ai eu des crampes aux cuisses. Par chance, un spectateur m'a massé et j'ai pu terminer la course.
La seule course que j'ai remportée de ma carrière était organisée durant un cours de répétition. Il s'agissait d'un 12 minutes. Dans ce cadre, les participants n'étaient pas vraiment volontaires, mais le premier prix de la course était une permission de rentrer le vendredi soir plutôt que le samedi à midi. Il y avait donc une motivation certaine. J'ai démarré la course selon mon rythme habituel, sans trop y croire. Un autre participant, qui m'avait dit être en forme est parti beaucoup plus vite que moi et a vite pris un demi tour de terrain d'avance. Je me rends compte à la mi-course que je suis deuxième, mes suivants étant bien distancés. L'avance du premier a cessé d'augmenter et je vois à sa manière de courir qu'il faiblit. Comme je me sens bien, j'accélère progressivement pour voir la distance nous séparant fondre rapidement. Lorsque je suis à quelques mètres derrière lui, je ralentis à sa vitesse pour récupérer, puis j'accélère d'un coup pour le dépasser sans lui laisser la chance de s'accrocher. Cette tactique était la bonne. Après lui avoir pris 150 mètres, je ralentis la cadence pour pouvoir tenir les trois minutes restantes, tout en contrôlant l'avance que j'avais obtenue. Je suis donc rentré le vendredi soir. Lors du même cours de répétition, j'ai aussi gagné une course d'orientation en équipe, malgré le fait que j'avais obtenu les deux "brêles" de la compagnie dans ma patrouille, dont un avec une dispense médicale de course. J'ai fait la course avec trois fusils sur le dos et mes deux camarades ont couru ce qu'il fallait pour que nous remportions la course (et rentrions à nouveau un vendredi).
Après avoir terminé mes études et emménagé dans mon propre appartement (puis en couple avec Linda) au centre ville, j'ai un peu plus varié les parcours d'entraînement, mais en restant toujours limité à des distances de l'ordre de 5 km.
A cette époque pré-GPS et pré-Internet, je mesurais les parcours sur une carte avec une roulette (que j'avais payée très cher) et notais tous mes parcours et temps à la main sur des feuilles de papier. Plus tard, je les ai saisis dans un traitement de texte. Maintenant, je les bloggue.
3) 31 - 35 ans
Suite à la naissance de mon premier enfant et l'accroissement de mes responsabilités professionnelles, je me suis retrouvé avec beaucoup moins de temps et de motivation pour m'entraîner. Je trouvais toujours de bonnes excuses pour ne pas mettre mes baskets : il faut trop chaud, trop froid, il pleut, il faut que je joue avec les enfants avant qu'ils se couchent, etc. Le résultat ne s'est pas fait attendre, et au bout de trois ans, j'ai pesé jusqu'à 83 kg, alors que mon poids avait jusqu'ici tourné autour des 65 kg. Il a fallu que je change ma garde-robe civile et militaire. Jusqu'ici, j'avais toujours pu manger sans me restreindre et avais l'impression que l'embonpoint, c'était pour les autres. Là, je me suis rendu compte qu'avoir eu une activité physique régulière, même si elle n'était pas très intensive, m'en avait préservé.
Un jour, j'ai décidé que cela ne pouvait par continuer ainsi et qu'à mon âge, c'était la dernière occasion que j'avais pour renverser la tendance. A cet effet, je me suis préparé un programme qui combinait un régime pauvre en glucides et en repas (un seul par jour, le soir) ainsi qu'une activité physique d'endurance. J'ai donc recommencé à courir régulièrement et ai augmenté progressivement les distances parcourues, allant des 5 km auxquels j'étais habitué auparavant à 10 voire 15 km. Ce programme a payé, puisqu'après deux semaines j'ai pu voir les premiers kilos tomber et en trois mois j'avais retrouvé mon poids de base.
4) 35 - 44 ans
Suite à la mauvaise expérience relatée plus haut, il était devenu clair pour moi que m'entraîner à la course n'était plus juste un passe-temps, mais était nécessaire si je voulais garder mon mode de vie. Je me suis fixé l'objectif de courir deux à trois fois hebdomadairement, pour des sorties de 10 km en semaine et une sortie longue de 20 km le weekend. Comme expliqué plus haut, il est facile de se trouver des bonnes excuses pour ne pas aller courir. Pour me motiver plus sérieusement, je me suis aussi inscrit chaque année aux 20 km de Lausanne, ainsi qu'au demi ou quart de Marathon. Ces courses se tenant à 6 mois d'intervalle, elles impliquent deux préparations d'au moins trois mois dans l'année pour ne pas faire de résultat trop ridicule. Je me suis donc retrouvé contraint à mes trois entraînements hebdomadaires entre février et avril, ainsi que d'août à octobre, levant le pied à deux voir un seul entraînement les autres mois. Contrairement à beaucoup d'autres coureurs qui s'entraînent dans le but de participer à des courses, je m'inscris aux courses dans le but de m'entraîner.
J'ai aussi réussi à piquer la curiosité de Linda, qui au début me trouvait cinglé d'aller courir lorsqu'il pleuvait ou faisait nuit. Elle était même ma "complice" lorsqu'il fallait trouver des excuses pour ne pas y aller. Mais, avec une amie, elle s'est mise à aller courir régulièrement et le virus l'a aussi prise. Elle est maintenant plus motivée que moi et s'entraîne plus souvent.
Mis à part les deux courses citées plus haut, nous avons participé au Matterhornlauf. C'était plus pour passer un weekend en couple que pour la course elle-même, mais le cadre en valait la peine. Lors de vacances en montagne, j'en ai profité pour faire de longues sorties seul sur les chemins alpestres, une expérience magnifique. J'ai aussi atteint quelques cabanes d'altitude (3000 m) en tenue légère et rythme de course, faisant lever quelques sourcils réprobateurs des guides croisés à la montée ou la descente...
Je me suis aussi inscrit au marathon de Lausanne, distance mythique pour tout coureur, sur laquelle j'ai voulu m'aligner aussi. A cet effet, j'ai allongé mes sorties longues et ai couru deux fois 35 km sans problème le mois précédant la course, si ce n'est de légères douleurs au genoux. Nous y reviendrons. Je m'était fixé l'objectif de 3h30, ce qui correspondait à mes capacités et en ligne avec mes entraînements sur 35 km. J'ai donc suivi les meneurs d'allure de 3h30 sans aucun problème jusqu'à la mi-course, soit 21 km en 1h45. Au retour, je commence à ressentir des débuts de crampes dans les cuisses. Je marche jusqu'à ce que les crampes disparaissent, puis recommence à courir jusqu'à ce que les crampes reviennent et ainsi de suite, pour les 20 km qui me séparaient encore de l'arrivée. Il me faudra 2h30 pour la rallier, en me faisant dépasser par les meneurs d'allure de 3h45 et 4h. Ayant parlé depuis plusieurs mois à mon entourage privé et professionnel de "mon" marathon, l'abandon n'était pas une option. J'aurais dû.
En plus de l'épuisement ressenti après le marathon, j'ai ressenti quelques minutes après l'arrivée des douleurs aux genoux, au niveau des tendons situés devant les rotules. Ces douleurs n'ont pas disparu le lendemain de la course et ont continué par la suite, rendant la course douloureuse et la marche pénible. Divers examens n'ont pas révélé de lésion importante, mais le médecin voyaits clairement que ma douleur était réelle. J'ai fais plusieurs séances de physio, avec des résultats plutôt mitigés. Au bilan, je me suis retrouvé plusieurs mois sans m'entraîner et ai décidé de ne pas m'inscrire aux prochains 20 km pour ne pas avoir de pression alors que mes douleurs s'estompaient petit à petit. Sans avoir compris exactement pourquoi j'avais eu des crampes sur une distance que je maîtrisais, ni la cause de mes douleurs aux genoux, je garde donc une certaine méfiance pour les longues distances et n'ai pas depuis retenté les 42 km.
5) 45 à ??? ans
La cinquième et actuelle époque de ma carrière de coureur a débuté cette année 2009. Un peu par hasard, nous nous sommes inscrits au cross de Vidy, histoire de changer un peu des sempiternels 20 km & marathon. Nous sommes tombés sur le flyer du trophée lausannois et nous sommes laissés prendre au challenge. Ceci a déjà été raconté dans Première participation au trophée lausannois . En 2009, nous aurons participé à 19 courses, ce qui est considérable par rapport aux deux courses annuelles que nous faisions jusqu'alors. La course à pied a pris une place plus importante dans notre vie, impliquant des reconnaissances, mobilisant presque la moitié des weekends de l'année. J'ai aussi eu l'occasion de parler et de partager des expériences avec d'autres coureurs, d'éprouver un certain niveau de compétition avec le classement du trophée dans lequel j'ai figuré quelque temps à la troisième place. J'ai aussi amélioré mon matériel (montre GPS-cardio, baskets de qualité et adaptées), débuté ce blog ainsi qu'un groupe sur facebook. Je vais aussi en 2010 aider l'organisateur du trophée lausannois pour établir les classements et voir ainsi la face cachée de l'organisation des courses. J'aurais aussi l'occasion par ce biais de rencontrer le fameux Raymond Corbaz cité tout au début, une façon de boucler la boucle.
Cette nouvelle époque a donc démarré sur les chapeaux de roue par rapport aux 45 ans qui précèdent, et, je pense, de manière positive, si l'on néglige les quelques bobos présentés dans Infirmerie 2009. La suite pour moi sera de consolider ce qui a commencé en 2009, d'oeuvrer pour le trophée par mon travail et les idées que je peux amener, d'améliorer la qualité de mes entraînements et de réussir un marathon. L'inscription à un club, ainsi que l'augmentation des participations aux courses ne sont pas des objectifs prioritaires.
La course à pied reste pour moi un moyen de contrôler mon poids et ma forme, plutôt qu'une fin en elle-même ou un objectif compétitif.
PS. Contrairemenent à ce qui est écrit juste en dessus, l'inscription à un club s'est concrétisée plus rapidement que prévu, c'est une autre étape qui débute.