1ère course des castors (Crissier)
Nous voici prêts au départ pour la 1ère édition de la course castors de Crissier, une course qui fait donc ses débuts.
Elle a été créée par la Jeunesse de la Sorge, organisation qui vise à animer les jeunes de la région et leur permettre de se rencontrer. Au lieu de mettre sur pied un bal, comme le font d'autres jeunesses et girons, avec les excès qui vont avec, elles et ils se sont fixés le défi d'organiser une course populaire. Les organisateurs que je vais rencontrer sur place seront donc tous très jeunes, néanmoins la course a été préparée et gérée de manière très professionnelle, avec le soutien de la commune de Crissier. J'ai appris un peu par hasard l'existence de cette course et en ai fait part à Patrick Gilliand, mon "boss" du Trophée. Habitant à un jet de pierre du départ, il s'est montré très enthousiaste pour cette course - je me devais d'y participer aussi.
En ce mi-d'avril, le soleil brille et la température est chaude pour la saison, mais néanmoins plus agréable que lors de la course de Cheseaux. Je termine une semaine de travail très éprouvante, avec son lot d'heures supplémentaires et n'ai pu, de justesse, m'entraîner que mardi. Ce samedi matin, je suis allé travailler et me suis accordé l'après-midi de "repos" avec cette course. Je passerai encore le dimanche après-midi qui suit au travail. C'est donc dans un état à la fois épuisé et sous adrénaline que je me rends à cette course.
Nous laissons notre voiture sur le parking de la place de Montassé et allons toucher nos dossards. Nous étant inscrits et ayant payé à l'avance, nos dossards sont déjà prêts. Je constate sur la liste de pointage que je suis le seul inscrit dans ma catégorie ! Cela sent le regroupement de catégorie... Cette course a défini des catégories un peu particulières, puisque pour les adultes, il y en a deux : les "élites" nés après 1964 et les "vétérans" nés en 1964 ou avant. Or je suis né en 1964, et donc suis le plus jeune des "vieux". En pleine préparation pour les 20km de Lausanne et une semaine après la course des Traîne-Savates, je n'ai pas l'intention de me "faire mal" ici, mais vu la configuration particulière des catégories et la participation probablement modeste (1ère édition, courses du signal de Bougy et de Payerne le même jour), je sais que j'ai une petite chance de faire un podium.
Le départ et l'arrivée de la course sont jugés sur la place de fête de Montassé. Pour l'occasion, des tables et une tente ont été érigées sur l'herbe, plusieurs locaux s'y trouvent déjà, pour passer un bon moment ou se restaurer après les courses des écoliers.
En arrivant, nous tombons sur Ricco (coach du groupe élite au Footing) que Patrick a convaincu de participer. Nous croiserons ensuite Max (avec Lucie), qui n'est pas venu courir (récup' du marathon de Paris), mais nous encourager. Il prendra la photo ci-dessous. avec Ricco et moi. Plus loin, nous rencontrerons Michel, que j'avais croisé lors de la Reco Crissier + endurance longue aux graisses. Il ne court pas non plus, mais ses encouragements nous accompagneront tout au long de la course.
Sur la place de fêtes, nous rencontrons un groupe de près d'une dizaine de coureurs avec le même maillot. Il s'agit d'une délégation d'Yverdon emmenée par Michel Corrévon. Michel est aussi un local de l'étape, puisqu'il habite et travaille pour la commune de Crissier. Il a réussi à motiver ces coureurs du Nord vaudois à participer en masse à cette nouvelle course, c'est tout à son honneur ! En passant, Ricco me signale un des coureurs du groupe (Philippe Monnard) qui doit bien avoir plus de 50 ans - "il est très fort et m'a déjà battu" - Je ne suis donc pas seul dans ma catégorie, et il y a du beau monde !
Ricco part s'échauffer tout seul, je le rattrape (en coupant !). La course de 9 km consiste a parcourir deux fois une boucle qui alterne des passages sur routes campagnardes en bitume et chemins forestiers. Le terme de cross est parfois évoqué, mais pas trop fort.... A ma demande, les organisateurs m'ont fourni le plan de la course ci-dessous (il se court dans le sens des aiguilles d'une montre). Notre échauffement consistera à parcourir une boucle, mais en sens inverse...
J'ai la surprise de constater que la fin du parcours est bien différente de celle que j'avais reconnue. Dans la forêt, des bandes tendues entre les arbres indiquent clairement la voie à suivre. J'avais reconnu un chemin en léger faux-plat, il s'agira en fait de montagnes russes !
Alors que que nous remontons la partie est du circuit, nous croisons à leur descente les concurrents de la course des 4.5 km, qui ne font qu'un tour, et les encourageons. Au ravitaillement, nous nous retrouvons avec Michel Corrévon et une partie de son équipe : ils s'échauffent dans le bon sens. Ils nous dirons qu'ils ont dû un peu ralentir à la montée pour ne pas décourager les concurrents de la "petite course" ;-) Nous profitons pour nous désaltérer au ravitaillement, une première en échauffement ! Au passage, nous constaterons qu'en plus du ravitaillement, il y avait des bénévoles presque à chaque carrefour - une excellente organisation.
Après notre échauffement, nous tombons enfin sur Patrick et sa fiancée, Elizabeth. Il revient de Genève, où il est allé essayer son costume de mariage. En effet, ils se marient en mai, et son esprit est plus concentré sur cette étape majeure de sa vie que sur le Trophée ! Je croise un coureur de plus de 50 ans (Christian Chiffelle) qui me bat régulièrement - la concurrence est là !
Alors que 16h30 approchent, avec Ricco nous allons faire quelques accélérations sur l'herbe de la place de fête. A la deuxième, le speaker annonce que la course partira à 16h45. Nous coupons notre effort..
A 16h38, nouvelles séries d'accélérations. Nous nous rendons sur la ligne de départ. Il y a environ une cinquantaine de concurrents. Les trois première lignes sont toutes bleues, entre les coureurs d'Yverdon (bleu foncé) et ceux du Footing (Ricco, Patrick et moi - en bleu clair).
Le départ est donné à 16h43. A mon habitude sur ces dernières courses, je démarre lentement, il y a une vingtaine de coureurs devant moi. La course débute par une légère montée, sur bitume qui nous fait passer sur la gauche de bâtiments (stand de tir et des eaux ? ) de Montassé. Nous longeons le parking où nous sommes garés, puis un virage à 90° à droite continue la course par la "route du stand". Sur la photo, nous débouchons de la droite à la hauteur du panneau de sens interdit pour continuer sur la route que l'on devine au milieu de la photo, en direction de la forêt.
Quelques mètres plus tard, nouveau virage à 90°, à gauche cette fois-ci. Nous sommes sur un chemin de gravier qui vient d'être terrassé, car lors de ma reconnaissance il n'y avait que de la boue ici. J'évite les graviers en courant sur la bordure en herbe.
Au bout du nouveau chemin, nous tournons à gauche pour longer un champ de colza. Lors de ma reconnaissance, ce champ n'était couvert que de pousses de quelques centimètres - aujourd'hui elles ont une hauteur d'homme ! Cette partie est très étroite, il n'y a qu'une trentaine de centimètres entre le champ délimité par une bande suspendue sur des piquets métalliques et le bas-côté de l'autoroute de contournement, avec ses herbes hautes. Impossible de dépasser sur ce tronçon. Sur la photo, on voit la fin de ce chemin étroit, alors que le colza n'avait pas encore poussé. il faut imaginer un mur de plantes de près d'1m80 sur la droite du chemin.
Après le champ, nous retournons sur la route (du Casard) et tournons à droite pour passer sous l'autoroute.
Débute alors un tronçon en montée assez prononcée sur le "chemin de la rochette", et pour moi le début de la course. Je dépasse plusieurs concurrents, ainsi que la première femme (du groupe d'yverdonnais).
Après 500 mètres sur le "chemin de la clé des champs", la montée se fait un peu plus douce et je me retrouve à la hauteur d'un quinqua yverdonnais.
Je le passe,mais il s'accroche derrière moi, il en veut. La configuration est pour moi inédite, car je sais que je peux prétendre à un podium - mais je ne sais pas vraiment qui est devant moi. Prendre une place à un quinqua est donc un objectif primordial ! La longue montée se termine aux abords d'une ferme par un virage sur la droite,
Après une ligne droite, nous arrivons au point culminant du premier tour et au ravitaillement. Son emplacement, sur la photo ci-dessous, se trouve au bout de la route, à la lisière de la forêt.
Il fait chaud, mais il y a un petit vent rendant le tout supportable. Je fais un ravitaillement volant - un des coureurs qui était devant moi s'arrête et marche !?!? Je garde mon gobelet sur les 300 mètres de descente qui suivent, buvant par petites gorgées, sans perdre la moindre goutte. Le quinqua est toujours accroché à mes basques, il faut que je fasse quelque chose.
Après le ravitaillement commence un long tronçon sur route, en descente, le "chemin de la lisière". Il part de la gauche de la photo et se termine à sa droite, le long de la forêt.
Selon ma reconnaissance, ce chemin se termine par des sections en descentes raides, avec des changements de direction fréquents. Je me dis que c'est l'occasion de faire la différence. J'accélère alors à la fin de la section droite et aborde la petite descente raide en virage à gauche à pleine vitesse. Nous plongeons dans le vallon abrupt creusé par la Mèbre. Il y aura le long du chemin plusieurs curiosités géologiques, la rivière ayant taillé dans la molasse des formes particulières. Des humains y ont aussi laissé leur empreinte.
Le quinqua lache enfin prise, et je continue cette descente à plein régime sur le chemin du Dévens. Nous quittons à cet endroit la route pour un terrain qui n'est pas mon favori (copeaux, racines, beaucoup de virages), mais je me fais violence pour tenir un rythme soutenu. Nous repassons sous l'autoroute, qui est ici à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de nous, indice de ce qu'il faudra remonter par la suite...
Bientôt, je rejoins deux coureurs qui étaient dans ma ligne de vue durant la descente, mais à bonne distance. Je talonne bientôt le second. Nous passons ensemble sur un long pont de bois : à la reconnaissance et l'échauffement j'y avais rebondi grâce à son élasticité, mais ici c'est juste le contraire, comme nos foulées sont décalées avec mon adversaire, je prends le retour d'élasticité alors que je pose mes baskets - ce qui donne l'impression de courir sur de la colle plutôt que sur un trampoline....
Nous sommes maintenant dans la forêt, sur chemin couvert de copeaux et la première difficulté s'approche, C'est un "mur" d'environ 5 mètres de haut qui se dresse devant nous. Sur notre gauche se trouve une curiosité touristique, la "Pierre à 4 sous", mais difficile de la voir en pleine course. Je passe en mode technique pour le mur et contre toute attente, le concurrent qui était devant moi se met à marcher... Dans ma surprise je lui suis presque rentré dedans, mais j'improvise un petit écart et le passe facilement.
Ce mur, autant impressionnant qu'il soit, n'est en fait qu'un prélude, puisqu'après un petit plat de quelques mètres (photo ci-dessus, en automne) commence le VRAI mur. Je l'avais déjà expérimenté lors de cette sortie à vélo Entraînement (Vélo) et avais dû poser pied à terre... Mais ça passe et ensuite il y a de nouveau de la descente. Plus cela descend, plus je me dis que la remontée sera dure. Et effectivement, la remontée est raide, sous la forme de deux larges lacets interminables.
Je subis le contrecoup de ma descente à coin, mais je n'ai plus d'adversaire derrière et le concurrent devant moi reste en ligne de mire. Alors je croche, et vers le sommet je suis encouragé par Michel, ce qui me motive fortement à ne pas me mettre à marcher et me permet de relancer !
Nous débouchons de la forêt sur la place de fêtes, à l'opposé de la zone de départ, pour effectuer un grand arc de cercle d'abord dans l'herbe, puis sur le bitume, contournant la place par le sud. C'est le seul tronçon de la course que l'on peut qualifier de plat.
La distance avec le coureur devant moi se réduit à vue d'oeil. J'ai aussi Patrick en point de mire, qui est parti trop vite et le paye à la mi-course.
Je passe la ligne d'arrivée et relance pour le second tour. Il y a encore pas mal de montée, alors je modère mon allure. Je finis par arriver à la hauteur de mon adversaire et accélère tactiquement sur quelques foulées pour le dépasser par surprise juste au début du passage étroit le long du champ de colza, il ne pourra rester à ma hauteur. J'ai l'impression que c'est aussi un quinqua, cela me fait gagner une place.
Il ne s'accroche pas et je prends de la distance dans la montée qui suit le passage sous l'autoroute. J'ai toujours Patrick en point de mire, mais il semble s'éloigner et je le vois dépasser un concurrent. Je pense qu'il est trop loin pour que j'aille le chercher et mon objectif n'est pas de me mettre dans le rouge. Je me rendrais compte après l'arrivée que le concurrent doublé par Patrick sera juste devant moi au classement.
Je passe au 2ème ravitaillement. Je n'ai pas vraiment soif, mais prends une gorgée d'eau et m'asperge du reste. Ma Garmin indique 7km, il ne resterait donc que 2km, mais cela me semble un peu court. Je relance pour la descente qui suit, mais cette fois-ci je suis tout seul et dois déterminer par moi-même mon allure. Je lance de fréquents regards en arrière pour m'assurer de n'être pas poursuivi par un coureur qui ferait le forcing à la descente. Paradoxalement, c'est cette longue descente que j'ai trouvée la plus éprouvante. Heureusement, Michel s'est déplacé et m'encourage en m'annonçant que suis "dans le top ten".
Je n'accélère pas comme au premier tour sur la pente raide qui nous ramène dans la forêt, je me contente maintenant de gérer ma position. Je suis complètement seul sur ce tronçon - je profite cette fois pour rebondir sur le pont de bois. Les deux montées qui suivent sont éprouvantes, mais je tiens le rythme et me force à ne pas marcher, motivé cette fois par l'approche de l'arrivée. Mes pulses sont quand même montées à 180. Je ralentis dans la courbe qui mène à l'arrivée, sprinter ne me ferait pas gagner de place.
Arrivé, mon chrono indique 44'00, soit le même temps qu'à Cheseaux (CR 18ème course des Traîne-Savates - Cheseaux (9 avril 11) - TL04) le week-end passé. La course fait 9.7 km, soit bien plus que les 9 km annoncés. Ma tête tourne un peu et je m'isole un moment pour récupérer, puis vais chercher le prix souvenir.
Avec Patrick nous allons nous positionner au sortir de la forêt pour attendre nos compagnes respectives. Linda passe en deuxième femme et a l'air d'avoir mieux supporté cette course que celle de Cheseaux. Je coupe à travers la place de fêtes et l'encourage sur la ligne d'arrivée. Elle finira sur le podium, à la 2ème place derrière une jeune coureuse du groupe d'Yverdon.
Nous allons nous décrasser avec Ricco en passant plusieurs fois sur des tronçons de la course, à la surprise des commissaires... Nous assistons à l'arrivée d'Elizabeth, entourée par Patrick et leur chien Max qui trottine derrière.
La petite équipe du Footing se retrouve et nous attendons la remise des prix en discutant. Alors que le soleil entame sa descente, la place de fêtes passe à l'ombre et se refroidit - nous nous déplaçons pour rester au soleil. Nous avons aussi l'occasion de parler avec les organisateurs et de leur donner quelques propositions d'améliorations (passage du champ de colza, pont en bois limite si plusieurs coureurs). Ils nous confirment leur intention de remettre ça l'année prochaine.
Comme la cérémonie de remise des prix tarde à démarrer- c'est de bonne guerre, les organisateurs veulent faire marcher le bar et la restauration - je me déplace résolument vers le podium, signale semble-t-il attendu par les organisateurs, qui lancent derechef la cérémonie.
Elle est annoncée par le morceau "L'aventurier" d'Indochine - un bon présage pour moi, fan de Bob Morane. Nous nous mettons à danser..
Linda sera appelée pour la 2ème place des femmes nées après 1964 er Ricco la quatrième des hommes nés après 1964. Le 4ème de ma catégorie est appelé - c'est le quinqua que j'ai dépassé au deuxième tour. Puis mon nom est appelé pour la 3ème place - cela fait bizarre, mon premier podium ! Je me concentre pour faire les choses dans le bon ordre - saluer le 4ème, me mettre sur la bonne marche, embrasser la jeune qui remet les prix, sourire et attendre que la photo ait été prise avant de redescendre.
[Insérer photo podium]
Le prix sera un bon de 10.- Avec le bon de 15.- reçu par Linda, nous avons presque "remboursé" la finance d'inscription.
Je suis évidemment très satisfait de ce premier podium de ma carrière. Ceci dit, il n'y avait pas grand mérite à l'atteindre, la participation n'était pas très élevée et j'ai bénéficié d'une catégorie qu'on aurait dit taillée sur mesure pour moi - Patrick qui n'a qu'un an de moins que moi m'a battu mais finit 7ème de sa catégorie. Cependant, le plateau était quand même relevé, pour que Ricco ne finisse "que" 4ème.
Je recevrai par le suite beaucoup de félicitations sur Facebook, ce qui m'a fait très plaisir. Pas de classements à faire après cette course, si ce n'est annoncer les podiums pour le site du Footing.
La suite, ce sera la fin de la préparation aux 20 km de Lausanne, avec une sortie longue prévue le lendemain dimanche, puis retour au boulot. Ensuite quelques jours de vacances en famille bien mérités.
Cadeau souvenir : Une gourde et une boîte de bonbons.