41ème marche romande du général Guisan
Une fois n'est pas coutume, le CR ne concerne pas une compétition de course à pied, mais une marche populaire. Comme indiqué dans le CR Journée lausannoise du vélo - 30km VTT , je participe au défi sportif lausannois et ai choisi de m'inscrire dans quatre disciplines différentes. J'ai déjà effectué l'épreuve de course à pied (20km de Lausanne) et de vélo (30km de VTT à la journée lausannoise du vélo).
C'est donc l'épreuve de marche à laquelle je vais participer aujourd'hui. Pour cette discipline, j'avais le choix d'effectuer soit 30 km à la marche romande (que je vais abréger par MRGG), soit 21 km au Lausanne walking. Cette dernière manifestation tombant en même temps que la course de Lutry, une de mes préférées du trophée, le choix a été vite fait.
Un autre choix qui s'offrait était celui de participer à la MRGG soit le samedi, soit le dimanche, car cette manifestation se déroule sur deux jours. J'ai préféré m'y aligner le samedi matin, bien qu'ayant couru à Romanel la veille au soir, afin de pouvoir bénéficier du dimanche pour me reposer. Autre choix : Linda travaillant ce week-end, c'est par mes propres moyens qu'il me fallait me rendre au départ de la MRGG, à Mézières. J'ai décidé de faire le trajet à vélo, plutôt qu'en transports publics.
Finalement, j'ai planifié de courir les 30 km, plutôt que de les marcher, ceci me donnant l'occasion de me tester sur une longue distance, dans l'optique d'une participation à un marathon cet automne. J'ai contacté à l'avance l'organisation de la MRGG pour vérifier que ceci était bien autorisé.
C'est donc après une courte nuit de sommeil, suite à la course de Romanel et l'établissement des classements du trophée, que je me lève ce samedi matin vers 7h. Le temps de donner une dernière touche aux classements et de me préparer (déjeuner, équipements vélo et course, ceinture, boissons, ravitaillement, etc.), il est 8h20 quand je quitte mon domicile. Le temps est gris et humide, il fait très frais pour la saison. Ce sera agréable pour courir, beaucoup moins pour pédaler.
Pour ne pas démarrer la MRGG déjà épuisé, je pédale très lentement, surtout que le parcours Lausanne-Mézières est en montée. J'ai aussi choisi d'éviter le Chalet-à-Gobet et son col à 873m en passant par Savigny. Cela allonge un peu le parcours, mais me permet de ne culminer qu'à 830m aux Cullayes. J'y longerai sur quelques centaines de mètres le parcours de la MRGG, et y croiserai déjà quelques marcheurs : les premiers pouvaient s'y élancer dès 7h30.
J'avais prévu d'effectuer le trajet en 45 minutes, mais à l'allure de sénateur que j'ai tenue, il me faudra plus d'une heure pour rallier Mézières. J'y arriverai néanmoins encore en pleine forme.
A l'entrée de Mézières, je vois un terrain de sport avec des tentes et de l'animation. Je m'en approche, pensant que c'était le départ de la marche - il s'agissait en fait d'un tournoi de foot. Je traverse ensuite Mézières, et il n'y a pas la moindre indication de l'endroit où se donne le départ. Finalement, je trouve un panneau qui indique l'emplacement du parking de la MRGG et aperçois par hasard une grande flèche marquée "Départ" devant un batiment. Il s'agit de la grande salle de Mézières que je cherchais. Ca tombe bien, il commence à pleuvoir.
Devant la grande salle se trouvent des arceaux et j'y cadenasse mon vélo. A l'intérieur sont dressées des tables, pour le moment inoccupées et des stands : remise des prix et défi lausannois. Sur la scène se trouvent les tables d'inscription et de remise des dossards. Je m'y rends et on m'y remet une carte de contrôle déjà remplie avec mes coordonnées : mon inscription a bien été prise en compte. Je constate que les informations ont été tapées à la machine à écrire... Cette carte contient des zones qu'il s'agira de faire valider aux différents points de contrôle répartis sur le parcours. De plus, on me remet un dossard en tissu. Il y en a de différentes couleurs, apparemment selon les distances à effectuer. Le mien est rouge et porte le numéro 33. Je n'ai pas très bien compris pourquoi il fallait porter ce dossard, la carte de contrôle me semblant suffisante. A chaque poste de contrôle, on vérifiera ma carte et mon dossard et on notera mon passage sur une feuille. Peut-être qu'en cas de perte la carte, le dossard et la feuille de poste permettent de valider quand même le passage.
La MRGG peut s'effectuer sur plusieurs distances : 7, 10, 16, 20, 30 ou 40 km. Les différents parcours ont des sections communes.
Ceci implique donc une organisation assez compliquée pour que personne ne se perde ou n'effectue la mauvaise distance. Chaque fois que les parcours se séparaient, un panneau était affiché avant la bifurcation, indiquant explicitement quelle direction prendre selon la catégorie. De plus, aux postes de contrôles, on nous indiquait par où continuer notre chemin. Finalement, à chaque intersection un fléchage indiquait clairement quel embranchement prendre.
Le seul inconvénient est qu'en courant, il me fallait ralentir pour pouvoir lire la distance écrite en petit.
La prise de dossard effectuée, j'explore le bâtiment et trouve une petite salle inoccupée (sorte de carnotzet) dans laquelle je troque discrètement mon équipement de cycliste contre celui de coureur. Je laisse mon sac de sport et mon maillot cycliste accrochés au vestiaire à l'entrée, pour qu'il puisse sécher.
Tout de noir vétu, bandana et écouteurs mp3 sur la tête, je suis prêt à attaquer ces 30 km. Entretemps, la pluie a cessé, juste le bon timing. Je m'élance dans la rue principale et me rends compte après deux minutes que je suis tout seul et n'ai pas vu la moindre flèche. Je retourne à mon point de départ et m'élance dans l'autre direction. Même résultat deux minutes plus tard, en fait je n'ai pas la moindre idée de la direction dans laquelle je dois aller. Je me poste à l'entrée de la grande salle et suis un couple de marcheurs qui en sort : mais ils vont directement à leur voiture, ils avaient fini leur marche. Je fais le tour de la grande salle et tombe finalement sur le premier panneau, qu'il m'était impossible de voir des deux routes que j'avais prises auparavant. Grrr.
Je peux enfin démarrer mon chrono pour de bon et attaquer cette épreuve. Etant donnée la distance à parcourir, j'enclenche uneallure d'endurance, mon objectif étant de tenir une moyenne de 80% de ma FC Max.
Le premier poste de contrôle (A) se trouve aux Cullayes, à 5km du départ, essentiellement en montée (de 740m à 830m). Je dépasse de nombreux marcheurs, certains surpris de voir un coureur ici. Il est vrai que je dépareille avec mon short, mon t-shirt, ma ceinture de course et mes baskets, alors que les marcheurs sont en pantalons, K-Way ou veste, sac-à-dos et chaussures de marche. Et je ne parle pas des militaires, il y en avait en tenue légère, d'autres en tenue complète, avec Fass. Une partie du parcours s'effectue sur des chemins, encore détrempés et boueux des pluies de ces derniers jours. J'ai hésité ce matin à mettre mes trails, car j'avais peur d'abimer mes pieds sur 30 km, mais avec le temps menaçant qu'il faisait, je ne voulais pas non plus me retrouver à courir 30 km avec des pieds mouillés. j'ai finalement bien fait de mettre mes trails, et mes pieds n'en ont pas souffert.
J'étais un peu inquiet en ne voyant qu'un seul poste de ravitaillement sur le plan, mais en fait il avait à boire à chaque contrôle.
Ma première case perforée aux Cullayes, je poursuis vers le second poste (C) situé à Vuibroye. C'est la plus longue distance entre deux postes, 10 km. Ce tronçon est essentiellement en descente, puisque nous passons de 830m à 630m.
Je ratrappe une coureuse à la descente après les Cullayes, elle est toute surprise de se faire dépasser. Plus loin, vers la Mollie-Margot, je me rapproche de trois coureurs. Je jette un coup d'oeil à mon plan et quand je relève les yeux, ils ont disparu ! En fait, ils ont choisi ce moment pour faire un arrêt "technique" dans la forêt.
200 mètres plus loin, il y a un petit chemin qui quitte la route et j'y vois des marcheurs. Mais aucun flèche n'indique qu'il faut prendre ce chemin. Je m'arrête et attends les coureurs que je venais de dépasser. Il fallait bien continuer sur la route, qui fait une boucle un peu plus loin : les marcheurs que j'avais vu prennaient un raccourci. Belle mentalité !
Des soldats sont postés aux croisements de routes importantes et arrêtent la circulation pour nous laisser passer : c'est très sympa ! Les bénévoles aux postes de contrôles étaient aussi très serviables. Un grand bravo à tous, ce ne devait pas être facile étant donnée la durée de la manifestation et les conditions météo. !
Je dépasse maintenant moins de marcheurs, car le tronçon sur lequel je cours n'appartient qu'aux circuits de 20, 30 et 40 km. J'atteins sans encombre le poste (C) de Vuibroye (un hameau de quelques fermes), qui marque pour moi la mi-course, soit 15 km. C'est aussi le poste de ravitaillement : des tables sont installées et une petite restauration est disponible (payante). Attablé, j'y retrouve Christian, mon coach du Footing Club. Il fait les 20km à la marche avec un groupe. Il est à l'apéro, au blanc; c'est encore un peu tôt pour moi !
Ma bouteille remplie de thé militaire, je repars donc en direction d'Oron-la-ville où se trouve le poste (D), au km 19. Ce tronçon est un peu valonné, mais globalement plat. Il est propre au parcours des 30 km, donc je n'y rencontrerai presque plus d'autres concurrents. Le plan montre une espèce de boucle à effectuer avant d'arriver à Oron, mais le fléchage nous à fait prendre la ligne directe. Ceci explique le relevé GPS de 28.5 km plutôt que 30 km. On me sert une tasse thé au poste et j'y croise une marcheuse : elle a le dossard rouge n° 5 : j'ai donc remonté en courant près d'une trentaine de concurrents/groupes partis avant moi.
Mon prochain objectif est le poste (F) de Chapelle (Glâne) au km 22. Pour l'atteindre, il me faudra passer de 630m à 730m, et cela débute par une montée assez raide juste à la sortie d'Oron. Je commence à sentir un peu la fatigue. Je décide de ne pas forcer, car il reste 10 km, et de marcher sur les tronçons les plus pentus. Sans m'en rendre compte, je suis passé sur le canton de Fribourg. Je prends un verre d'eau au poste (F), qui sera le dernier auxquel je devrais m'annoncer.
Débute alors une longue descente jusqu'au fond de la vallée de la Broye, où nous atteignons l'altitude minimale de 590m sur le pont qui franchit cette rivière. A cet endroit se trouve une intersection sans aucun fléchage, heureusement j'avais imprimé un plan détaillé et ai pu continuer dans la bonne direction.
Evidemment, tout ce qui a été descendu doit être remonté pour atteindre Auboranges au km 26, passant de 590m à 710m sur deux kilomètres. Il n'y a plus le moindre marcheur en vue, la montée est rude, je commence à bien sentir la fatigue. Bref, un bon gros moment de solitude. Ici aussi je marche sur quelques tronçons.
A la sortie d'Auboranges, j'entre à nouveau dans le canton de Vaud. Les parcours des 16 et 20km rejoignent ici le mien et je ne suis plus aussi seul. Il me faudra encore monter de 50 mètres pour atteindre le village de Ferlens au km 28. Mais pas question pour moi de marcher alors que les autres concurrents peuvent me voir. Je profite d'un tournant sans visibilité pour néanmoins marcher quelques pas ni vu ni connu à la sortie de Ferlens ;-)
Nouvelle vallée à traverser pour rallier Ferlens à l'arrivée : descente de 760m à 710m puis remontée à 740m sur moins de deux km. Au haut de la descente, je vois un coureur à environ 200m devant moi. Il me voit aussi et accélère. Cette arrivée va-t-elle se jouer au sprint ? Alors que je m'approche de lui, je me rends compte que sa manière de courir ne m'est pas inconnue. Arrivé à sa hauteur, au bas de la descente, je le reconnais, c'est Jean, un coureur "super vétéran" de 69 ans (!) qui participe au trophée avec qui j'ai discuté quelques fois. Il était aussi à Romanel la veille. Nous discutons un peu dans la montée, lui courant et moi marchant. Il fait le défi sportif I, et donc effectue le parcours de 10 km.
Je relance la machine et lache mon compagnon pour couvrir les derniers hectomètres. J'ai la chance d'être encouragé à l'arrivée par Christian mon coach, qui avait eu le temps d'arriver et de se changer. La pluie se met à tomber au même moment, timing parfait à nouveau.
Je boucle les 30km en 2h40, soit dix minutes de plus que prévu. C'était compter sans les arrêts aux postes de contrôle ni les consultations de cartes, ni les grandes montées sur les 10 derniers kilomètres. Je suis néanmoins encore en forme, la fatigue mentionnée plus haut étant surtout due aux pentes gravies. C'est de bonne augure pour un marathon à venir.
Arrivé, je vais de suite faire valider mon épreuve au stand du défi lausannois.
La bénévole au stand n'a pas la moindre idée de ce qu'elle doit faire et passe un bon moment à se le faire expliquer par le concurrent devant moi, alors que nous attendons, stoïquement, Jean et moi, notre tour. Et voilà , troisième épreuve sur quatre validée, il ne me reste plus que la natation !
Je passe ensuite faire valider ma carte de contrôle et recevoir mon prix : une médaille accompagnée d'une barette indiquant la distance parcourue. Il y avait plusieurs modèles de médailles possibles, j'ai choisi celui ci.
Au passage au stand de l'organisation, on me demande si j'ai des remarques particulières. Après les remerciements d'usage, j'en profite pour indiquer l'emplacement de la bifurcation qui n'était pas fléchée. Je propose aussi de mieux baliser le départ de la marche.
Je rends finalement mon dossard, tout poisseux. Je récupère mes affaires au vestiaire et me rends compte que mon maillot cycliste n'a pas encore séché. J'échange donc mon maillot de course détrempé contre celui de vélo qui n'est que mouillé. Je n'ai pas le courage de m'isoler pour enlever mes trails boueuses et mon short de course : j'enfile donc directement les cuissardes par dessus le short.
Equipé à nouveau en cycliste, une barre énergétique avalée, je reprends la route en direction de Lausanne. La pluie tombe toujours, je suis trempé et congelé. Les premiers kilomètres de vélo seront assez éprouvants en raison du froid de la montée jusqu'aux Cullayes. Cette localité passée, le reste du retour est essentiellement en descente, mise à part une longue montée sur la rectiligne à la sortie de Savigny. Le pédalage en montée m'a réchauffé et la fin du parcours est plus agréable.
Arrivé à Lausanne, j'ai une petite montée à faire avant de traverser la route de Berne. Alors que je mets pied à terre pour m'arrêter aux feux, je ressens immédiatement des départs de crampes dans les deux cuisses. Je descend du vélo et traverse le carrefour à pied, pour aller m'asseoir quelques secondes sur un banc en me massant les cuisses. Ce sera suffisant pour me permettre de repartir et franchir la montée de Sauvabelin sans encombres.
J'arrive chez moi à 14h, après 4h40 d'efforts soutenus et apprécie une bonne douche chaude bien méritée !
Ma boîte de mails est pleine de questions et correctifs relatifs à la course de Romanel : il y aura encore du travail à faire sur les classements....