7ème Christmas Midnight Run
C'est ma 4ème participation à cette course qui marque traditionnellement la fin de la saison des compétitions. Les deux premières s'étaient assez bien déroulées, malgré les températures glaciales. L'édition 2011 CR 6ème Christmas Midnight Run (17 décembre 2011) avait été manquée : je m'étais tordu une cheville une semaine avant et n'avais pas pu m'entraîner. J'avais couru sans forme et sans motivation. Un prélude néfaste à ce qui sera un début de saison 2012 de sinistre mémoire.
Bien que ne faisant pas partie de mes objectifs principaux, j'ai bien l'intention de d'améliorer mon temps sur cette course et d'effacer ma mauvaise performance de 2011.
La course présente quatre nouveautés cette année :
- Une "course" de walking a été ajoutée. Elle s'intercale entre la course déguisée de 2.5 km (qui est avancée à 20h45) et la course de 5 km, qui reste à 22h. La course de 7.5 km à laquelle je participe reste à 23h.
- Un nouveau sponsor principal a été trouvé, le magasin de sport Athleticum, et on pouvait déjà aller chercher les dossards le matin de la course dans le magasin situé au Flon
- Le trajet a été amputé de la boucle sur la place St-François. Le parcours est donc plus court - améliorer son temps sera facile.
- La rue de Bourg a été sécurisée.
Concernant les deux derniers points, j'en suis en partie à l'origine, car j'avais fait part dans ce même blog de mon mécontentement quant aux risques encourus par les participants dans les "interactions" avec le public de fêtards qui fréquente ce secteur. Les organisateurs de la course ont pris connaissance de ma prose et ont décidé d'améliorer la sécurisation de ce tronçon (suppression de la boucle sur St-François qui croisait le trafic des piétons, couloir entre barrières sur toute la rue de Bourg). Cette décision aura été bonne et je tiens à remercier ici l'organisation, d'une part pour avoir permis aux concurrents de courir en toute sécurité et d'autre part pour avoir écouté la voix des participants.
Mon blog s'était aussi plaint de la chicheté du cadeau souvenir (un pain d'épice). Les organisateurs m'ont expliqué qu'en 2011, leur sponsor principal ayant fait faux bond au dernier moment, ils n'avaient pu en trouver un autre à temps et avaient dû faire avec un budget très sérieusement amputé. Ma diatribe sur ce point leur a retourné le couteau dans le plaie - je m'en excuse. Il est clair qu'en ayant tous les éléments en main, on comprend mieux la situation et que c'est finalement grâce à beaucoup d'engagement de leur part que l'édition 2011 a pu avoir lieu.
Cette année, les organisateurs auront le sourire, car le record de participation a été pulvérisé avec 2'652 inscrits, soit 20% de plus que le record de l'année passée.
Le début de semaine a enregistré des températures glaciales (-6°c) et des chutes de neige abondantes, mais tout cela va changer en fin de semaine, la météo annonce dès vendredi de la pluie et des températures bien plus douces (+7°C). Effectivement, en ce samedi, alors que nous allons chercher nos dossards chez Athleticum, il tombe des cordes et la neige fond à vue d'oeil.
Pour assurer la promotion du Trophée lausannois et du Cross de Lausanne, je me rends dès 20h00 sur la place de la Riponne, où se trouvent la grande tente et l'arrivée/départ de course. . Il fait sec et doux, la course s'annonce sous les meilleurs auspices. Je croise beaucoup de connaissances, ce qui fait que je ne distribue pas beaucoup de flyers... Je vais aussi saluer le speaker, Christian Perler, qui arbore un beau déguisement de Père Noël. Vers 22h00, je m'assieds pour un quart d'heure, histoire de ménager mes jambes. Linda me rejoint à ce moment et nous allons déposer nos affaires à la consigne. Je vais garder un T-Shirt rouge passé sur un maillot long fin et des shorts 3/4. Afin d'être dans l'ambiance, je garde le cadeau-souvenir - un bandeau - sur la tête, même si la température ne le nécessite pas.
La Christmas Midnight Run propose cette année un maillot technique qui n'est pas remis comme prix, mais peut être acheté séparément. Nous en avons fait l'acquisition il y a quelques semaines lors du Marathon de Lausanne, et je dois dire que c'est un achat que je ne regrette pas, il est superbe.
Vers 22h30, je croise Serge et nous convenons d'aller nous échauffer ensemble. La pluie s'est mise à tomber, mais elle est très fine et ne nous gênera pas. Nous parcourons le tracé jusqu'au sommet de la rue de Bourg et redescendons vers le départ par la rue Centrale, car le temps passe vite. Serge lance les accélérations sur le retour, ça fait du bien, je me sens dans le coup. Je vais encore faire quelques lignes sur le quai de la station de métro.
Depuis 2010, le morceau "I gotta feeling" des Black Eyed Peas est pour moi le symbole de cette course, je vais parsemer le blog de quelques paroles de cette chanson.
"I gotta feeling that tonight's gonna be a good night"
Je vais m'installer sur la ligne de départ vers 22h50. Serge me fait remarquer qu'il n'y a pas de tapis de chronométrage après le départ. Nous nous avançons donc jusque vers le 5ème rang pour perdre le moins de temps possible entre le coup de feu et notre départ effectif. Christoph et Yves ne sont pas présents cette année, je ne sais pas vraiment avec qui je vais me mesurer.
A 23h pile, le starter nous libère. Comme chaque année, le départ est très rapide et il faut faire attention à la bordure de trottoir puis au virage vers la rue Haldimand. Ça se passe plutôt bien et je me laisse emporter par le rythme endiablé de ce début de course en faux-plat descendant. La descente s'accentue alors que nous passons à la rue Pichard, et encore plus à la rue du Grand St-Jean. Lors de mes reconnaissances, j'ai étudié la trajectoire idéale pour prendre au mieux le virage à 90° au bas de la descente, mais il y a trop de coureurs pour que je puisse la suivre. Un coureur M50 me dépasse, je suis étonné de le voir ici, d'habitude, il est loin devant moi. Peut-être a-t-il manqué son départ.
Après toute cette descente, c'est le retour sur terre avec la rue de la Louve qui est en faux-plat montant, mais à la vitesse à laquelle je cours, elle fait l'effet d'un mur. Pourtant j'y repasse le M50. Nous virons à droite pour arriver sur la place de Palud. Je suis surpris de constater qu'elle est très peu éclairée, et j'ai de la peine à distinguer le passage de la course entre les spectateurs.
Après avoir traversé la place se trouve la dernière descente, rue du Pont, et nous atteignons le point le plus bas de cette course vallonnée, à l'intersection avec la rue Centrale. Linda me racontera qu'elle a dû s'arrêter à cet endroit pour laisser passer un camion de pompiers .
Les choses sérieuses commencent avec la montée bien raide de la rue St-François. Je me mets en mode technique, petits pas, sur la pointe des pieds, lever de genoux, mouvements des bras. Les concurrents qui ont présumé de leurs forces le regrettent à ce moment, et je commence à en dépasser plusieurs. Avec la suppression de la boucle à St-François, il n'est plus possible de récupérer et il faut continuer à monter sur la longue rue de Bourg. Par contraste, elle semble plus douce que le becquet que l'on vient de grimper, et la pente continue à s'adoucir jusqu'au haut. Il faut donc bien gérer cette double montée, et se forcer à relancer un peu vers le milieu, alors qu'on aurait plutôt tendance à ralentir.
"Round and round, Up and down"
La montée n'est pas terminée, il faut encore grimper sur la rue Caroline pour atteindre le pont Bessières. Le plat de ce dernier permet de récupérer un peu, mais c'est de courte durée, car il faut vite se remettre à monter pour atteindre la rue Curtat. C'est un faux-plat descendant et il faut se forcer à relancer pour repartir à pleine vitesse. Elle se termine par un virage en épingle à cheveux et j'avais l'habitude d'attraper le panneau de signalisation pour m'en servir comme d'un pivot. Malheureusement, ce panneau a été scié depuis et il me faut virer plus large.
Nous attaquons l'avenue Menthon, dernière montée qui nous mène à la Cité. Elle forme un long virage vers la droite et on n'en voit le bout qu'au dernier moment. Elle nous pose derrière la cathédrale ou nous retrouvons le plat sur de gros pavés, dangereux pour mes chevilles. Nous faisons un demi tour de la cathédrale et atteignons le point culminant de la course.
"Easy come, easy go, now we're on top"
Nous attaquons la terrible descente de la cathédrale au pont Bessières, puis de la rue de la Mercerie. Fait exceptionnel, j'ai décidé de ne pas porter ma ceinture cardio. En effet, j'ai constaté lors des éditions précédentes et des reconnaissances que j'avais une tendance plus ou moins consciente à me retenir lors des descentes raides pour éviter que ma ceinture ne se déplace. Étant donné qu'il y a peu d'intérêt à suivre ma FC dans une compétition courte et avec de fréquents changements de pente, la liberté gagnée en courant sans ceinture vaut la peine.
J'ai aussi repéré la trajectoire idéale sur cette pente, en passant sur la gauche de la rigole centrale que je dois absolument éviter de franchir à pleine vitesse (mes chevilles...). Ici encore, je ne pourrais pas la suivre, car un coureur plus lent l'occupait. Je me décontracte et essaye de bien dérouler. Je suis un peu surpris de dépasser des concurrents, la descente étant mon point faible. Mais je me fais aussi dépasser par quelques concurrents en mode ballistique.
Raymond Corbaz m'encourage au bas de la pente. A pleine vitesse, j'atterris sur la place de la Palud qui est mieux éclairée de ce côté. Un virage sec sans visibilité nous amène sur la rue de la Madeleine, en faux-plat montant, qui fait aussi l'effet d'un mur. C'est étonnant de constater comment des rues qui semblent plates quand on y marche peuvent paraître pentues quand on y court . Un dernier effort et on se retrouve à la Riponne, premier tour bouclé en 9'39". Plus que deux.
"Let's do it, let's do it, And do it again !"
Le speaker cite mon nom au passage et rappelle que le Cross de Lausanne aura lieu le 19 janvier. J'ai bien fait d'aller le saluer - il fait ma promo .
A l'attaque du deuxième tour, je suis surpris de constater que la course est maintenant bien clairsemée, je n'ai plus que trois ou quatre concurrents en ligne de mire et nous avons presque la même vitesse. Les places semblent établies. Je grignote néanmoins des mètres sur les deux coureurs devant moi. Je peux maintenant suivre la trajectoire idéale dans les descentes. Je ne sais pas où j'en suis dans la course, car je n'ai aucun coureur connu ni devant, ni derrière moi, je vais continuer au feeling.
La montée St-François-Rue de Bourg est bien difficile, car je suis allé très vite au premier tour. Mais je serre les dents et me dis que je suis déjà presqu'à la moitié. Il y a deux semaines, j'ai fait six fois la boucle en entraînement - cela me sert maintenant, car en comparaison les trois tours à parcourir semblent presque faciles. Je regrette d'avoir mis le bandeau, car j'ai les oreilles qui chauffent, mais il faudra faire avec, je ne vais pas jeter le cadeau souvenir !
Le deuxième tour est un peu plus lent en 9"53". J'attaque le dernier tour avec détermination. Au passage de la rue Pichard, je passe le coureur balai. Il va maintenant falloir dépasser les coureurs de fin de peloton. Je me rends compte qu'il viennent de finir leur premier tour et moi le second, je suis presque deux fois plus rapide qu'eux ! Dans la descente du Grand St-Jean, je rattrape un des coureurs que j'avais en point de mire. Je jette un coup d'oeil en le dépassant et constate avec surprise que c'est Paolo, qui finit d'habitude bien loin devant moi. Je l'enjoint à s'accrocher derrière moi, ce qu'il fera je pense un moment. Il finira 20 secondes après moi. Je suis un peu décontenancé de l'avoir dépassé - a-t-il eu une défaillance, ou suis-je vraiment aussi en avant dans la course ?
Mais je n'ai pas le temps de me poser trop de questions, car la densité des coureurs à qui je prends un tour augmente. Il me faut être très attentif et anticiper les espaces au travers desquels je vais les dépasser. La reconnaissance que j'ai faite la veille pendant les nocturnes m'a bien entraîné à slalomer entre les chalands. Je me retrouve dans la situation un peu particulière où j'ai en point de mire bien plus de coureurs attardés que de compétiteurs directs. Difficile dans ces conditions de se motiver à suivre ou rattraper un autre concurrent.
A la dernière montée de la rue de Bourg, je paye les efforts des deux premiers tours, mes jambes n'en peuvent plus et j'ai l'impression de me traîner. Je constate que les autres coureurs dans le même tour que moi vont à la même vitesse. Ça me rassure, mais me donne aussi un oreiller de paresse que je dois combattre et je me force à relancer, même si ça fait mal.
"Feel the shot, Body rock, Rock it don’t stop"
C'est au bord de l'asphyxie que j'arrive au pont Bessières, et je me félicite de ne pas avoir pris ma ceinture cardio - ma FC doit avoir crevé tous les plafonds.
Je relance à fond sur la rue Curtat et suis impressionné du différentiel de vitesse avec les coureurs qui n'en sont qu'à leur deuxième tour. Je me fais mal une dernière fois à l'av. Menthon, dépassant encore un adversaire avec qui nous avons joué à cache-cache entre les concurrents attardés. Au plat de la cathédrale, un concurrent venant de l'arrière me dépasse à toute vitesse. J'essaye sans succès de le suivre dans la descente de la Mercerie, mais en passant je prends une place à un concurrent qui semble être encore plus mauvais descendeur que moi.
Un dernier encouragement de Raymond au bas de la descente vertigineuse et je manque de percuter le photographe en embuscade à l'entrée de la Palud. Heureusement son flash m'a aveuglé une seconde avant l'impact, et j'ai par réflexe dévié sur la gauche. Je profite de mon élan pour traverser la Palud avant de bifurquer sur la Madeleine.
Je prends une grande respiration pour attaquer la finale. C'est à ce moment que deux missiles me dépassent, dont le M50 que j'avais passé au premier tour. Ils sont déjà en plein sprint, je n'ai aucune chance, j'ai l'impression de marcher. Une demi seconde de stupeur et je lance aussi mon sprint, il faut tout donner !
"Just take off, Lets paint the town. We’ll shut it down. Let’s burn the roof. And then we’ll do it again"
Je vois le chrono géant à côté de l'arche d'arrivée - le chiffre de gauche est encore un "2", je peux finir en moins de 30 minutes ! Ça me booste pour les 50 mètres qui restent. Ce dernier tour sera quand même le plus lent, en 10'03".
29'46" au chrono, j'ai de la peine à croire que je termine en moins d'une demi-heure ! Mon meilleur temps était de 33'31" en 2010, je l'ai battu de près de 4 minutes. Certes le parcours est plus court d'environ trois cent mètres, mais cela ne représente même pas deux minutes. Je suis étonné de voir que la zone d'arrivée est bien moins occupée que d'habitude, pour cause, j'étais vraiment très en avant dans la course... On me voit ci-dessous à gauche, bien plus tard, alors que je débriefe avec Stephanie (2ème dames senior)
Je suis très satisfait de ce résultat, mais reste un peu sur ma faim, car je n'ai pas l'impression d'avoir géré ma course, mais plutôt d'y être allé au feeling, et ça ne peut satisfaire mon esprit cartésien. Peut-être que si j'avais été opposé à des adversaires connus, je me serais encore plus donné. Je me rends aussi compte que je n'ai pas réussi à tenir un rythme constant, mais bon je n'ai perdu que 10 secondes à chaque tour. Et 4'17"de moyenne au km, avec les difficultés de cette course, il ne faut pas non plus être trop difficile.
"I gotta feeling that tonight's gonna be a good night"
Je termine 48ème de la catégorie "élite" (moins de 50 ans) sur 373 participants - en 2010 j'étais 76ème sur 420. Une belle progression. Le M50 qui m'a battu de 2 secondes au sprint finit 4ème de la catégorie senior (50 ans et plus). Voila qui me laisse songeur - je rejoindrai cette catégorie dans deux ans et avec ma performance de ce soir je serai aux portes du podium.... Noter cette course comme objectif principal en 2014 !
J'attends Linda qui arrive un peu déçue de son temps. Il faut dire qu'elle préfère les courses plates et longues, tout le contraire de la Midnight. Nous félicitons notre coach Teresa qui gagne dans la catégorie Dames senior, mais rentrons tout de suite, car Linda doit se lever tôt demain.
C'était ma dernière course pour cette l'année, qui se termine sur de belles performancese. Comme je ne pourrai pas participer au Cross de Lausanne en janvier 2013, vu que je l'organise, la prochaine compétition est en théorie le Cross de Amis de la Nature à Chavannes en mars 2013. Mais je m'imagine mal ne plus avoir de course pendant trois mois - je vais bien trouver quelque chose avant .
A court terme, je vais faire une pause de deux semaines après la dernière sortie du Footing Club. A la reprise en janvier 2013, il y aura du travail, car le plan d'entraînement pour le marathon de Milan (7 avril) va débuter et j'ai des ambitions. Mais c'est une autre histoire, à suivre...
Cadeau souvenir : un bandeau
Presse
24 heures du 17.12.2012
Laufkalender.ch Web du 17.12.2012
20 minutes du 17.12.2012
20 minutes Web du 16.12.2012
Tribune de Genève Web du 16.12.2012
24 heures du 15.12.2012
Rouge FM Web du 14.12.2012