Kerzerslauf
Une fois n'est pas coutume, me voici embarqué dans une course située en dehors de la région lausannoise. J'ai déjà fait part à certains de mon avis qu'il n'était pas nécessaire de faire des
centaines de kilomètres pour courir alors que nous avons tout ce qu'il faut près de chez nous : des courses, des routes, des chemins. Je veux bien comprendre si la course présente un exotisme
particulier comme le Matterhornlauf ou les Two Oceans, mais beaucoup moins pour des marathons urbains dans des capitales... De même pour les courses qui rassemblent des milliers de personnes
: quel intérêt, si l'on ne fait pas partie de l'élite, d'aller se "cougner" au milieu de centaines d'anonymes et de se donner à fond pour finir 732ème au lieu de 747ème ? Bon, je ne me
suis pas fait beaucoup d'amis avec cette intro, mais au moins ça c'est dit.
C'est la première fois que je participe à cette course, non que j'en aie rêvé depuis des années, mais simplement parce que de nombreux coureurs, notamment au Footing Club, m'ont dit qu'il fallait
ABSOLUMENT y participer, et que c'était presque un pré-requis pour réussir les 20 km de Lausanne. Etant de caractère faible, j'ai cédé à la pression et m'y suis inscrit, bien que cette course
tombe juste sur un week-end entre deux courses du trophée lausannois. L'organisateur du trophée m'a même dit que s'il fallait choisir entre une des courses du trophée et Kerzers, il fallait
plutôt laisser tomber la course du trophée. Difficile de résister à de tels arguments.
Après plusieurs retournements de situation quant à l'organisation du déplacement vers Kerzers (ces femmes...) nous allons chercher Rhéane à Bussigny et prenons l'autoroute pour Chiètres (ou
Kerzers en allemand), qui se trouve dans la partie alémanique du canton de Fribourg, à une petite heure de route de Lausanne. Le temps est couvert, mais la météo annonce qu'il ne devrait pas
pleuvoir avant l'après midi, la température est agréable, je dirais même optimale.
Arrivés à Kerzers, nous sommes dirigés vers la zone industrielle pour le stationnement. Il nous faudra un bon quart d'heure de marche pour rejoindre la zone de course. Il y a des coureurs qui
arrivent de partout et qui convergent vers le centre Kerzers. Chaque train qui arrive déverse des centaines de participants. Rendus en centre, nous allons directement retirer nos dossards, en
présentant la confirmation d'inscription reçue quelques jours avant par la Poste. Je me retrouve dans le bloc D (le quatrième à partir) avec Rhéane, Linda est dans le bloc G. La répartition en
blocs reste pour nous encore mystérieuse. De même pour la présence d'une pastille violette sur certains dossards, dont le mien et celui de Linda, mais pas tous.
Après m'être changé dans des vestiaires bondés, je rencontre l'organisateur de la course des Traînes-Savate (TL04) et en profite pour discuter des possibilités pour faciliter l'établissement du
classementdu trophée. Cette course est en effet celle du trophée qui compte le plus de participants, et qui par conséquent me donnera le plus de travail. Je rencontre aussi d'autres coureurs
connus (Footing club, trophée), mais pas de signe de Max. Avec le monde présent, retrouver quelqu'un sans s'être fixé de point de rendez-vous est aléatoire.
Nous nous retrouvons avec les filles pour aller chercher les "prix" (voir ci-dessous) : bien qu'il y ait plusieurs stands, il y a une longue file d'attente compacte pour les obtenir et personne
pour l'organiser. Je ramène mes prix au vestiaire et retrouve ensuite les filles pour l'échauffement. Sur une place est organisé un échauffement en musique et sur un terrain de foot
adjacent, des centaines de coureurs s'échauffent en tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Ayant fait mes étirements, je perds de vue les filles et m'échauffe tout seul.
Vers 12h20, soit un bon quart d'heure avant le départ de mon bloc, je me rends vers la zone de départ que nous avions reconnue plus tôt. Mauvaise surprise, l'accès est complètement
embouteillé et il me faudra dix bonnes minutes pour rejoindre la zone du bloc D, me demandant plusieurs fois si j'allais y arriver à temps. Je finis quand même par rejoindre mon bloc et me
retrouve en bonne compagnie avec Rhéane et trois autres filles du Footing. Nous sommes vraiment serrés dans ce bloc. A chaque départ de bloc nous précédant (toutes les trois minutes), on nous
fait avancer de quelques mètres, avec cette désagréable impression d'être du bétail se rendant à l'abattoir.
A 12h37, le coup de feu libérateur est tiré. 30 secondes plus tard, je passe sur le tapis rouge qui marque la ligne de départ et déclenche ma Garmin.
Comme cette course ne compte pas pour le trophée, je n'ai pas de pression de résultat. Je me suis fixé comme objectif de vérifier la théorie qui dit qu'il vaut mieux de partir un peu plus
lentement que son rythme de croisière pour en garder sous le pied, le temps "perdu" en début de course devant être compensé par le fait que l'on n'est pas grillé à la mi-course et capable de
relancer à la fin de la course (negative splitting). Suite à la course de Chavannes dans laquelle je suis parti très vite et que j'ai subie plus que contrôlée par la suite, j'ai profité de cette
course sans enjeu pour tester cette théorie.
La course débute par une montée sur près de 3 km et je me force a courir à 4'45" au km, au lieu des 4'30" qui constituent mon temps de référence sur 20 km (pour faire 1h30'). Ce n'est pas
trop difficile à tenir, mais je me fais beaucoup dépasser. Après ces 3 km, la course passe du bitume aux chemins de forêt et est plus ou moins plate. Je suis étonné de voir que je suis toujours
dans un peloton assez compact, avec des coureurs à ma gauche et ma droite. Je suis plutot habitué à me retrouver en file indienne ou isolé après quelques kilomètres de course. Ceci rend
évidemment chaque dépassement délicat, car il faut s'assurer de ne pas faire de queue de poisson aux concurrents derrière moi, ni bousculer ou marcher sur les talons de ceux que je veux dépasser.
Chaque dépassement demande donc une énergie et une concentration disproportionnées par rapport aux quelques mètes gagnés. De plus, il faut faire attention et éviter les coureurs lents des
blocs précédents. Je bois un peu en courant au 3ème km.
Après 3 autres kms à plat durant lesquels je suis le rythme du peloton dans lequel je me trouve, débute une longue descente vers l'Aar. Je profite de ce que la course accélère et s'étire
pour prendre ma vitesse de croisière et grapiller quelques places. Je ravitaille au 7ème km en marchant quelques mètres. S'ensuivent 3 autres kms de plat le long de l'Aar, dans un cadre
enchanteur mais dont je n'ai pas vraiment profité, étant plutôt concentré sur les coureurs autour de moi, dans un peloton qui s'est recompacté après la descente.
Au 9ème km, le peloton ralentit soudain, c'est le signe que nous approchons de la méchante montée qui mènera au village de Golaten. Je débute cette montée bien raide en courant, mais tous
les autres coureurs se mettent à marcher en haut de la pente : impossible de doubler et je suis donc obligé de marcher aussi.
Golaten, 10km, marque la fin de la montée (c'est là que la première photo ci-dessous a été prise) et les 5 derniers kilomètres jusqu'à l'arrivée seront en descente ou à plat. Je relance
donc la machine pour voir de quoi je suis encore capable selon le "negative splitting". Les 4 derniers kms seront courus à une moyenne de 4'15" au km, ce qui est très vite pour moi, surtout après
10 km de course. Je regarde souvent ma Garmin et compte les interminables kilomètres qui me séparent de l'arrivée. Je ne suis pas vraiment habitué à cette distance de 15km, hybride des
10 et 20 km. Enfin rendu à Kerzers, je vois la longue zone d'arrivée (la zone de départ dans le sens inverse) le long de laquelle sont espacés 5 ou 6 portiques. Je pensais que le Marathon de
Lausanne était ce qu'il y avait de pire à ce niveau avec trois portiques, mais Kerzers fait bien pire ! Je m'approche du tapis rouge du départ et me prépare à arrêter ma Garmin, mais me
rends compte que les coureurs devant moi continuent à sprinter. Il me faudra encore parcourir 200 mètres pour atteindre un tapis bleu qui marque finalement l'arrivée.
Je rends ma puce, reçois ma médaille et bois une verre d'eau, puis retourne sur la zone d'arrivée pour voir passer Linda. Ne la voyant pas arriver dans les temps qui devraient être les
siens, je me rends au point de rendez-vous que nous avions fixé. Rhéane et Linda y sont déjà.
Nous allons jeter un coup d'oeil aux douches et décidons assez rapidement de reporter ça au retour chez nous. La marche de retour vers le stationnement se fait sous la pluie qui nous avait
épargnés pendant la course. Une heure d'autoroute plus tard, nous sommes de retour pour une bonne douche.
Je finis la course en 1h08'27", ce qui est plutôt décevant : avec une moyenne de 4'30" au km, j'aurais dû finir en 1h07'30". Le démarrage lent m'a fait perdre du temps au départ et m'a enfermé
dans le peloton jusqu'au 10ème km. J'ai effectué ce 10ème (avec sa montée) à une allure de 5'40" au km, en partie à cause de la marche à laquelle j'ai été forcé et y ai donc perdu une bonne
minute. Il est vrai que j'ai couru les 4 derniers km à une allure bien plus élévée que 4'30", mais cela n'a pas été suffisant pour ratrapper le temps perdu avant. La théorie du negative
splitting, pour cette course, ne m'a donc pas convaincu. Comme le dirait l'émission Mythbusters : "busted" !
Je suis classé 166ème sur 640 dans ma catégorie et 1009ème sur 3130 des hommes, soit au tiers du classement.
Linda finit en un super temps de 1h11'et 45" et très satisfaite de sa course qu'elle a maîtrisée de bout en bout. J'en suis très fier et cela augure très bien pour la suite de la saison
!
Cadeau souvenir : une médaille, un linge (serviette), des fruits et légumes.
Presse
24 heures du 19.03.2010
Je suis tout à droite....